lundi 29 mars 2010

A travers l' Auvergne blonde…

"…l’idée de fréquenter plus assidûment un bout du monde situé à trente kilomètres de mes pénates sied tout à fait à mon tempérament d’aventurier. "

In, "Vie et mort de Wolfgang Döblin, un génie dans la tourmente nazie" par Philippe Didion ( la revue des ressources )
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Pied-à-terre, la Marche nous ramène en notre demeure et foulant ces biens fonds immémoriaux * elle alimente cette transe imperceptible qu'elle active elle-même…Anima-Animus, à travers ce double-je, elle nous donne à entrevoir notre complétude et de là vers la plénitude il n'y a jamais plus qu'un pas : le suivant !
* Henri Pourrat : " L'homme à la bêche ."












( Balise au col des goules à Gergovie; Vigne à Champeix; Menhir de la Pierre Fichade à Ludesse; Adam et Eve d' Albrecht Dürer, couilles-
cœur sur un linteau de porte renaissance quelque part à l'entrée d'une maison qui un temps a dû être heureuse … bourses-coquille, il fallait de tout pour faire pélérinage . )


Correspondance avec Véro Bénè du 1 Avril 2010 :
…va voir sur mon blog, je suis en train d'écrire un billet qui s'intitule " à travers l'Auvergne blonde;" on y assiste à côté d'une vigne à la naissance d'un centaure en train de se libérer du granit comme un enfant le fait du placenta… Comme à travers un film placentaire cristallin, trouble et tendu on le distingue en appui sur ces deux antérieurs avec lesquels il pousse sur le sol pour aider à l'expulsion, on distingue aussi son visage, son cou qui va se redresser, à ce moment la crinière est invisible …
Frappant non ? Je t'embrasse . BQ.

PS : Véro m'a répondue qu'elle savait depuis longtemps que les centaures naissaient de la Terre …il suffit d'aller consulter son blog -le blog du lezard blogspot.com - pour découvrir que cette fille sait de quoi elle cause !
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Nous avons pour ce Week-end des Rameaux lancé tout amoureusement la première vague d'un assaut sur la Via Arverna de Beaumont jusqu'à Issoire . D'autres effusions suivront pour nous mener à Brioude d'abord,ensuite à Aurillac, puis à Cahors et enfin d'une traite à Saint-Jacques de Compostelle … ( à suivre )






















































Tentant ainsi d'accéder à l'autre côté du miroir, on touche à la véritable mesure de l'Homme , dilaté et humble pourtant .
Nos pas de géants foulent alors d'orgueilleuses cités anéanties dont les toits sont en miettes et les murs ne sont plus que grave .
Tout fait signe …qui pourrait nier que la feuille de noisetier qui gît sur le chemin a figure de coquilles alors qu'on croit discerner dans le sable un chevron qui semble indiquer la voie ; que deux feuilles de chêne marcesens, prêtes à piétiner quelques hydres, soient comme des empreintes de pas ; ça et là, d'autres signes aussi : oui le chemin est bon, la direction l'est également… le sens est sauf !




























Devrais-je passer pour encore plus fou que je le suis, venant dans mon regard, une pierre plate éclatée et voilà l'incontestable marque d'un passage de Zep, l'empreinte reconnaissable entre mille, et même pour un coureur d'imaginaire débutant, la trace irréfutable !



















Pour qui donc présente une surdité aux choses trop raisonnables, il est donc conseillé de bien maîtriser ce langage des signes …Ainsi, pourra -t-on être conduit quelques fois , dans le secret des ombres des mousses et des fougères, à redécouvrir des ponts qui enjambent des saisons et des saisons d'oubli; ailleurs au contraire, plein vent, alors que le ciel se perd dans une flaque, dans le grand écart d'un horizon au-dessus duquel court un train de nuage qui porte jusqu'ici de grosses bouffes atlantiques, s'alignent d'Est en Ouest et de niveau ou presque , ces longs plateaux dénommés Chaux*, sur lesquels tracent les grandes voies des chasseurs-cueilleurs qui passé les
temps paléolithiques, ont débutés là et poursuivi des millénaires durant leurs courses saisonnières. Aujourd'hui ce sont d'autres Tumulus qui jalonnent leurs itinéraires, mais oserai-je confesser ici que leurs présences me sont proches comme il est difficile de l'imaginer, leur pas résonnent tant dans le sol que dans le ciel que dans moi-même tout du moins dans ces pertes où je m'invente…si il arrive que j'ai à dire quelque chose du paysage je dois d'abord m'en retourner à eux …ils sont pour moi pourrait-on dire comme des aides-mémoire et des aides de camp .
C'est dèlibérement que j'oublie de parler de la montagne volcanique, tout du moins ce à quoi on la résume souvent et qui pourtant ces deux jours, quand les nuages s'en éloignaient, était resplendissante de neige . Non j'oublie parce que je veux m'en tenir à cette Auvergne blonde sur laquelle glisse les intempéries venues des volcans et dans laquelle la voie Arverna se fraye son passage et nous avec, de merveille en merveille . Pas que cette Auvergne blonde soit exclusive, mais elle est dominée par les terrains blancs sédimentaires, les arkoses, les grès, les granits à petits grains et leurs arènes et leur gore, les calcaires choux-fleurs souvent, le tout accompagné de terres cuites, briques , tuiles et " génoises manufacturées" qui disent la présence de l'argile dans les fonds. Certes le volcanique n'est pas absent mais il est plus ancien, plus tapi, plus intrusif et plus mélangé …laitances originelles… ( à suivre )




































Ainsi à perce-pays, le chemin, aidant à faire renaître le regard éloigné va à vif et à vue tant dans le paysage "vrai" que dans celui là du dedans .
Là bas c'est un château familier que l'on découvre autrement avant qu'il ne disparaisse dans ce feuillage à venir dont dont il n'eut fallu attendre que quelques jours pour entendre craquer les bourgeons . Venant de loin à pied, de ce même village** en arrivant de l'autre côté on avait découvert l'église de pierre claire dans le cadre sombre d'une ruelle , qu'éclairait une façade renaissance et sa fenêtre à meneau .



















Cet autre château là-bas, comme au pied de cette prairie déjà verte dont il semble bénéficier des largesses de vue et apparaître comme une sentinelle avancée au-dessus de la Couze et des terrasses qui la domine . Puis le chemin descendant pour s'enfonçer dans un ravin et le franchir, le château va disparaître, et quand remontant légèrement le regard rencontrera à nouveau l'édifice, son rôle semblera réduit à celui de gardien d'un coin de ciel tenu entre deux joues de pré et de bois .
Et c'est ainsi qu'en avançant dans un singulier mouvement change le paysage et qu'en même temps que nos pas nous foule s'opère un peu plus, la lente métamorphose de notre personne dans l'athanor de notre être …




















Aussi fort de ce qui vient d'être écrit ci-dessus comment pourrait on mettre sur le compte du hasard que nous soit offerte au détour de l'itinéraire une image aussi parfaite d'un Paradis et, à deux pas de quelques une de ses annexes susceptible de fournir le vin de messe et les piquets pour tenir les vignes du Seigneur ? Le Paradis, ce carré de terre que relie au ciel le pédoncule d'une butte témoin dans lequel à fortiori s'ouvre une grotte qui sert aujourd'hui de ressert à outil mais qui fut peut-être un temps la réclusion d'un ermite ? Ce jour là on notera qu'avant notre passage il ne restait plus à retourner qu'un coin du carré et que cette pointe se trouvait à ce moment là avoir la forme d'un cœur …on pourrait évidemment de là se perdre en conjectures mais préférons nous en remettre à cette évidence comme quoi " les voies du Seigneur seraient impénétrables " et admettre que cette géométrie amoureuse convenait parfaitement à notre voyage comme je l'ai évoqué tout au début de ce propos pour qualifier ce premier assaut que nous étions partis donner à cette Via Arvenis en référence bien sûr à ce Giono si proche - que j'ai cité dans ce blog le 21 février 2010 dans un billet intitulé " quelques jours après et d'autres avant ! " - et notamment quand il écrit : " … ils en seraient eux-mêmes des poètes, c'est à dire de vrais hommes, s'ils avaient encore la vieille façon amoureuse, la naturelle façon amoureuse de faire la connaissance des choses . Je vais à pied, et du temps que je fais un pas … " .…je le reconnais je me répète mai quand même ! Envie malgré tout de rajouter à nouveau parce que j'ai ressenti ces deux jours, des choses de cet ordre :














































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Correspondance du 4 Avril 2010 : Je destine ce message à ceux avec qui j'ai marché le WE dernier plus quelques autres qui s'y étaient intéressés…manque bien sûr les récalcitrants à Internet - Madeleine, Hughette et Thérése- et ceux dont je n'ai pas (encore ! ) l'adresse , Adrien et Ginette : je compte sur votre délation ! Merci _________________________________________________________________________________________________

Bonjour ,

Ce fut pour moi un week-end étonnant, comment dire avec beaucoup de " légéreté "…
…et vous n'y êtes pas pour rien, je tenais à vous en remercier et vous dire mon affection .

Vous le savez peut-être chez moi, les pas et les mots entretiennent un rapport que l'on pourrait peut-être qualifier, entre autre, de cadencé.
Cette cadence m'aide je pense à me dépouiller, comme si chaque pas aidait à faire glisser une mue .
Avec des lambeaux de cette dépouille j'ai mis en chantier dans mon blog une petite écriture fragmentaire .

http://voyageapied2.blogspot.com/2010/03/travers-l-auvergne-blonde.html

Si vous êtes intéressé il faudra y revenir quelques fois car j'y rajouterai des bouts qui vont me rattraper, je rabouterai mon texte.
Pourquoi de la sorte? Sûrement parce que, malgré le caractère disparate de mes longs billets , chacun constitue pour moi un cadre singulier
et en ouvrir un nouveau tant que le fil continue à venir serait je le redoute prendre le risque de tarir une source .
Cette écriture, bien imparfaite, tente de dire mon ressenti plus qu'elle ne se propose de raconter une histoire,
la notre, qui pour demeurer belle gagne sans doute à rester secrète, et rend toujours le récit laborieux et curieusement souvent ennuyeux .
Vous me direz peut-être qu'avec du talent il en serait tout autrement ? Bien sûr !

Je crois aussi que petit à petit je me révèle un peu peripatéticien …
mais ça c'est bien évidemment au cours de la Marche que la chose peut transparaître !
Ce serait pour moi presque comme un aboutissement , mais comment être à la hauteur du " commantateur " ?

Voilà pour l'heure , passez un bon Dimanche .
A vous et encore merci .
Un merci particulier à ceux qui m'ont fait passer des photos,
vous constaterez en voyant le blog, qu'elles me sont très utiles .
Bernard Quinsat .

PS : j'ai réfléchi à une suite possible . Pour aller d' Issoire à Brioude le WE du 17 et 18 Avril était pour moi envisageable, mais ce sont des vacances . Alors celui du 15 et 16 Mai conviendrait-il ? Quant au franchissement du Cantal de Brioude à Aurillac ce pourrait être du 19 au 25 Juillet , le 25 : c'est la Saint Jacques . Le point culminant de l'itinéraire étant franchi cet été , ça nous permettrait de mettre à profit l'automne et l'hiver pour nous rendre jusqu'à Cahors et plus …si affinités !

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Très belle et instructive plaquette éditée par la commune de Beaumont …











jeudi 25 mars 2010

Encore la belle année…

C'est vrai on aurait jusqu'à fin janvier pour les vœux…mais vu le boulot que représente la carte de Vœux de Bernard Deubelbeiss " faite à la main " quand elle arrive avant la fin Mars c'est une performance : Bravo et merci l'Artiste !
http://bernarddeubelbeiss.artblog.fr
( ne surtout pas lui suggérer que le Printemps est aussi un bon moment pour faire débuter l'année sinon en 2011 c'est au 15 Aout qu'on reçevra sa carte ! …Notez que c'est le choix qu'a fait Bernadette Legrand ( ci-dessous ) pour entretenir le souvenir de cette rencontre avec son " plus petit théatre du monde" au cours d'une Levée des arts du chemin dans les Combrailles autour des années 2000… comme si c'était hier ! Merci à toi BL .









J'avais résisté jusqu'à là à montrer celle de Christophe Camus architecte-photographe et ami dont tous ceux qui passent chez moi au cabinet ont pu voir admiratifs, depuis tant d'années, le montage des photos qu'il avait faites, de l'installation que j'avais invité Denis Tricot à réaliser au cours des Pascalines 1995 dont on m'avait confié la conception et la réalisation .

Pour d'autres cartes aller voir sur ce blog, le billet du 16 janvier 2010, intitulé " Avant que la saison ne soit passée …" déjà à la mi janvier !





dimanche 14 mars 2010

Un Dimanche : correspondance III .

La dernière cigogne a avoir traversé mon ciel s'est posée sur la porte d'un hangar de Haute-Loire dans l' Emblavés . Elle est venue rejoindre celles qui, contrairement à toutes leurs habitudes s' étaient nichées dans des sacs de jute, sous le galetas d'une grange dont le propriétaire aimait beaucoup les oiseaux et les parcours en barques à fond plat sur les zones humides du Sundgau entre le Rhin et l' Ill, à hauteur de Salernes…ceci explique peut être cela ?
Quant à la dernière, perchée pour de vrai sur un silo, c'est un mâle sédentaire, qui ne migre plus, couche au sec et qui est venu faire " l'état des lieux " de leur nid avant que les siens et les siennes ne reviennent des régions du soleil où ils ont passés l'hiver …peut-être tenait-il aussi à nous saluer : c'était le jour de notre départ…du Pays de Jacques, de Laurette, de Nadine et de Louis !