dimanche 10 janvier 2010

La Neige et le Froid en plus : un Rêve !

Nombreux sont ceux qui me demandent pourquoi je n'ai pas encore fait un billet à propos du voyage d'hiver à pied que Romagnat-Patrimoine avait proposé le dimanche 13 Décembre et qui de l'avis de tous fut une véritable " féerie " ! J'avoue, bien qu'y pensant chaque jour, ne pas connaître ce pourquoi ! Matière trop
riche sans doute pour être "traitée " dans l'urgence , gisement iconographique dont je voudrais me servir pour faire quelques assemblages…et apprendre ainsi des rudiments de PhotoSchop… à la vitesse à laquelle " j'enregistre " , tu imagines le travail !
Alors il m'apparait comme une bonne solution, en attendant, de publier la lettre que Marie Staelens a envoyé le lendemain à ses petites filles Pétronille et Léontine qui demeurent pour l'instant avec leurs parents en Grèce à Athénes . Voici que ça donne…écoute , un ange passe , et imagine, le froid et la neige ces grands marqueurs de l'imaginaire hivernal étaient là : la totale je te dis !

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Bonjour tout le monde !
Donc le dimanche 13 décembre à Romagnat nous avons fait une balade spectacle sur les flancs du plateau de Gergovie.
A 13h30 rendez-vous est pris devant l'église de Romagnat, plus de soixante personnes emmitouflées sont présentes... prêtes à partir pour le rêve conté de l'après-midi.
Il faut dire que la température a chuté pendant la nuit et que quelques flocons vont nous accompagner...pour la première fois cette année. Une accordéoniste colorée donne le départ et nous partons tous en musique direction le haut de Romagnat. Promenade agréable dans des petites rues typiques, avec explications historiques et drôles de Bernard Quinsat qui mène le convoi hétéroclite et bariolé. La première halte se fera plus haut, dans un pré, en bordure de route, où le matin nous avions déroulé 100 mètres de tissu à rayures jaune et rouge. Sous un tipi symbolique fait de trois échelles bleues, un tabouret attend le lecteur. Un escabeau bleu lui aussi, sera le piédestal de l'ange ... un petit garçon Aurélien, avec des ailes dans le dos, qui dialogue avec Bernard, le lecteur "au tabouret" !
Nous repartons bientôt, au son de l'accordéon de Sylviane Dardillat. Le chemin est étroit, mais praticable et monte doucement vers le plateau. Plus tard nous arriverons au lieu dit "le sable d'Etampes". Là les "leveuses" (filles en foulard coloré, jupes et jupons superposés, porteuses de petits sacs à la ceinture ou sur l'épaule) vont remplir leurs sacs d'un peu de ce sable. Prochaine étape : la vierge des Goules : des chants, des texte, de la musique, des fumées bleues, une petite mise en scène quoi !
La vierge des Goules est une chapelle arrondie, incroyable, construite par un architecte un peu fou, au 19ème siècle en hommage à Vénus, nue, qui y trôna pendant quelques années puis fût remplacée par les âmes bien pensantes du village, par une statue de la vierge dont se souviennent encore beaucoup de vieux romagnatois, qui y allaient en pèlerinage ! Autour de cette chapelle il y avait autrefois, toujours créé par Taché, cet architecte visionnaire, un immense parc ! De nombreuses essences d'arbres subsistent dans la forêt et la broussaille, attestant de cette période. Le cortège repart sur les notes de "la nonchalante", chantée par Laurence. Belle marche à travers bois, un endroit magnifique ! La neige a poudré les feuilles de blanc, les branches craquent sous les pas, il fait un bon petit froid sec.. juste ce qu'il faut pour sublimer la balade ! Nous passons creux et bosses, escaladons et descendons...
Lieu-dit "maison rouge" (une maison peinte en rouge était construite là, villégiature garçonnière de cet architecte bâtisseur !). La maison a disparu mais des feux de Bengale rouges installés le matin par Christian, signifient le lieu à nôtre passage ! Arrivée au ravin de la rase: Là je sortirai de mon sac un gros œuf en terre pour le "déterrer" plus tard. Nous lisons, à quatre voix un magnifique texte, extrait du "chant des pistes" de Chatwin, sur l'origine du monde, accroupis, grattant le sol pour extraire cet œuf porteur de vie. Laurence chante et nous reprenons la route, le "travers de champchabroux".
Nous allons bientôt arriver dans la "coursière de Jean Blancheton", défrichée par nous il y a quelques temps. Cette coursière aurait pu être le raccourci emprunté chaque matin par cet ouvrier partant de Jussat pour se rendre aux fours à chaux de Romagnat où il travaillait. Nous passerons devant la cabane de "Pinoli" dit aussi jambe de bois-et pour cause-autrefois entourée de vignes dont aucune trace visible ne subsiste ! Juchée sur un gros rocher arrondi Sylviane nous chante quelques chansons réalistes, s'accompagnant à l'accordéon.... moment magique! Reprise de la marche... Une musique entêtante nous attire, et vers 16 heures nous arrivons au "gour des fours". Jacques Puech installé dans un grand nénuphar blanc, au dessus du vide, émerge peut à peu du brouillard (artificiel !) et nous enchante du son de sa cabrette. Les marcheurs commencent à descendre vers la tranchée qui les amène à l'entrée de la galerie d'extraction de la pierre à chaux. Ils ne franchiront pas l'entrée, passeront sous un "nid" accroché aux arbres, d'où s'envole un ange bleu, et s'accroupissant découvriront le loup blanc, gardien du gros œuf en cèdre. Dans la galerie des réserves de nourriture, des cruches,du grain, des flammes, des restes de feu éclairent la scène .. c'est magique !
Pour redescendre vers Romagnat, nous emportons avec nous les torches et lampes tempête, traversons la forêt de sculptures géantes et métalliques d' Yves Guérin qui est là dans son fief. Trois cornemuses donnent à ce lieu juste éclairé par des feux finissants une dimension fantastique. Nous passerons par le calvaire éclairé de rouge, où seront lus des textes, et en musique arrivons dans le village. Thibaut a allumé pour nous un brasero, dans l'immense cour de son manoir et nous attend avec du vin chaud, des pains d'épices maison ! Là encore musique et chants, ambiance chaleureuse, les marcheurs sont heureux !

La soirée se continuera à 18 heures, par un concert des "Brayauds" musiciens traditionnels de Basse -Auvergne, et des chants dans l'église de Romagnat.
Nous finirons la soirée chez Quinsat, avec ceux qui le voudront autour de pâtes, avec la musique enivrante et puissante des cornemuses de trois brayauds passionnés !
La journée de clôture de "La belle affiche" fût vraiment une journée à garder au fond du cœur ! Beaucoup de travail de préparation et d'installation, mais quel régal tout ça !






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" J'appelle Narrats des instantanés romanesques qui fixent une situation, des émotions,un conflit vibrant entre mémoire et réalité, entre imaginaire et souvenir. C'est une séquence poétique, à partir de quoi toute rêverie est possible, pour les interprètes de l'action comme pour les lecteurs . Dans chaque narrat, comme sur une photographie légèrement truquée, on pourra percevoir la trace laissée par un ange. Les anges ici sont insignifiants et ils ne sont d'aucun secours pour les personnages …" Antoine Volodine . Des anges mineurs. Fiction et Cie

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