jeudi 19 janvier 2012

Mille et une nuits en vallée de l'Ance …


Ces jours derniers il avait fait humide.
Pluie et brouillard beaucoup, la nuit, 
et dans la journée,
tiré des fonds par le réchauffement diurne
des lambeaux de brumes rejoignaient le ciel bas .
Popoff avait dit que les Vosgiens auraient alors
parlé du " loup faisant sa soupe ". 
Affaire sans doute d'illustrateurs qui auraient lus des livres,  
car Véro qui ne saurait demeurer en reste
renchérissait au prétexte 
que Pourrat quant à ça, ne pouvait être tenu à l'écart
et pour en assener la preuve,
d'ouvrir son Gaspard à la page 355
"…vingt lieues de cantons qui fumaient comme des soupes
parce que le soleil levait la rosée…”
ne manquant pas de rajouter à l'extrait
que autant que les chemins  débordaient ces jours ci de flotte,
des citations comme celle ci le livre en regorgeait tant et plus !

Est-il besoin de rappeler que  dans ce pays
ce livre a valeur de Bible
et Pourrat fait figure de prophéte ?
Alors quoi rajouter à ça?


Au matin du lendemain,
aux Pradeaux
sortant en nage
d'un sommeil lourd
qui l'avait seulement gagné longtemps après minuit,
il devina à la clarté de l'aube qui s'encadrait dans l'une des fenêtres,
sur laquelle n'avait pas été ramenés les rideaux,
qu'aujourd'hui serait un autre jour.

A la brillance qui commençait à s'accrocher à la buée des vitres,
Il pouvait en effet deviner une aube joyeuse
et être presque certain qu'était venu le temps
ou le soleil s'en allait  prendre ses marques avec le loup.

Alors il referma les paupières
sous lesquelles ainsi posées
tant d'êtres et de choses venaient le rejoindre
et il les installait dans son murmure
fait de mots mouillés de joie
qui se cherchaient en lui.
Il traîna encore ainsi au lit un grand moment
Il imaginait un paysage qui toute la matinée,
sans cesse et à toute vitesse 
se transformerait
où la brume des fonds
en s'élevant se déchireraient
sous l'autorité du soleil.
pompe tonitruante
servante de fulgurantes ascencions
alors que déjà les vents d'altitude
balayaient des nuages tout juste formés
faisant ainsi courir des ombres sur un monde
qui émancipé des brumes
recouvrait à la fin ses formes et ses couleurs.       

Comme sortis d'une lampe d'Aladin ces djinns partis à l'assaut du ciel
prendraient alors des visages aimés
et dans ces grandes écharpes de brume
échappées d'un ciel méché de traînes
il les verrait  tour à tour danser et disparaître
avant de revenir à son regard, portés par un raie de soleil,
passant avant de les défaire à travers les derniers nuages.

Sous le ciel enfin dégraissé
enveloppé de chaleur revenue
il marcherait alors dans la lumière
et les derniers pendrillons levés d'un spectacle intime
dont il aurait été le seul spectateur,
lui abandonneraient ses amours
et à nouveau siens
il les porterait,
l'étape serait longue et belle…

et mille et une nuits seraient encore à venir devant eux.
________

Bernard Quinsat

10 Janvier 2012

Notes au saut du lit aux Pradeaux
à la manière de …

   

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