jeudi 26 janvier 2012

Une si longue éclipse …


"Ce n'est pas la mémoire - l'authentique, la menteuse-que je veux, mais l'oubli de la mémoire, son reflux qui n'épargnerait à la fin que les signes les plus rudimentaires et les moins indéchiffrables: histoire de renouer avec le temps des licornes, paons, colombes étaient encore à venir, et la terre un vaste marais, une poche d'air gonflée de miasmes, et l'homme: un squelette chancelant, main crispée sur le bois. Stupéfié par le soleil, transi par le règne interminable de la nuit, il annotait à même la pierre le témoignage de sa survie étonnée .
Je clos les paupières. La lumière est toujours là, par larges ondes pourpres vient réchauffer la grotte du corps. Je rouvre les yeux. Rien a changé: matinée de grands vents, et l'angoisse qu'apporte cette lumière également posée sur tout. Elle vit, elle ne s'use pas, regarde comme, à vouloir traverser la paroi de l'eau, elle se rompt . Que recherche-t-elle de si précieux pour venir se briser et mourir au contact de l'eau? Quelle part d'elle même aurait-elle perdue, sur quoi la mer s'est refermée ? Quelque chose comme un masque, peut-être un bijoux, un attribut magique qu'on ne repérera pas tant en fixant le fond trop sableux qu'en laissant le regard bouger,trembler au hasard des tâches, éclats, des imperceptibles mouvements qui animent la surface de la mer.
Attendre …
Attendre encore !                                   Gilles Quinsat " L'éclipse "  

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