mercredi 11 février 2009

Toucher Terre …

Je me rends à Pourrat, par le plus beau des travers du Pays de Gaspard, celui qui de Billom à Ambert traverse le Livradois . Il fait beau , enfin beau à la manière qu'on aime: l'air est vif et de gros nuages blancs courent dans le ciel bleu, lui évitant cette trop parfaite figure mariale qui m'impose, à chaque fois que c'est le cas, l'insupportable image du beau, prêt à porter : un grand bleu qui n'est pas d'Azur, et qui ne touche que l'épiderme et la cornée !
Depuis l' Aleyras, et chaque fois que la route offre à la vue des dégagements; et Dieu sait si , malgré la forêt qui ronge les versants, ils sont encore nombreux; en descendant des cols de Toutée et des Fourches, le paysage est pied de coq . C'est que, les carrés de prés tenus à l'ombre et ayant gardé ainsi la neige s'engrènent aux parcelles de bois sombres, pour prêter un instant au regard : ce motif.
Puis, depuis le grand tournant, à hauteur du dolmen de Boissiere, d'où, sous son lourd sourcil minéral , le regard cristalin de la Pierre folle interroge, comme par en-dessous, et ce depuis les temps de la pènombre- quant enfin fut murmurée la grande question -, "La Montagne sacrée " de Pierre sur Haute : je découvre Ambert . Il n'y a bien sûr pas un lustre que je ne me suis pas rendu là, mais bien trois ans, peut-être quatre, et de me demander alors pourquoi, alors qu'avec le même émerveillement je redécouvre " à mes pieds " la petite ville, je n'y reviens pas plus souvent ! Prendre là , quelques trop courts instants , pour " regarder dans les lointains des choses lentes à déméler ." et puis finir d'arriver ! .…Et d'insérer ici, de mémoire, cette phrase entendue peu après de la bouche d' Annette Lauras- Pourrat nous livrant cet aveu de son père de retour à Ambert, après sa maladie, afin de s'y établir définivement: " Je reviens à Ambert sous mille étoiles et une demi-lune. Ce n'est plus une sous-préfecture que je retrouve, mais le pays que j'ai choisi: un royaume ! ". Quant à moi , j'arrive ici de jour et ma nuit restera encore longtemps celle du " non-écrire " sans étoiles et sans lune, enfin! … Annette d'ajouter, qu'il demeura ainsi toute sa vie ici, chose aujourd'hui presque inimaginable et qui vaut peut-être au mot "demeuré" d'avoir acquis une si " mauvaise réputation ", à moins qu'il ne soit rendu au sens qui le rattache à l'enfance . Et là encore Pourrat à une réponse à proposer , : " cette enfance de cœur sans laquelle une grande personne qui ne l'a pas connue n'est jamais vraiment grande ! "…et, en partage, que rèsonne en exergue le petit texte de son son ami Alexandre Vialatte .

De ceci je rapprocherais volontiers ce " point de vue " de Ludovic Degroote découvert récemment dans un de ses bouquins " 69 vies de mon père " . A vous d' apprécier, vous pouvez en découvrir ci-joint le prologue . Ce recueil **, jugeant qu'il ne pouvait pas me faire de mal- sait-elle d'ailleurs, tout le profit que j'en ai tiré ? - c'est une amie qui me connaît bien qui me l'a offert récemment imaginant ô combien, que ça pouvait me concerner ! Songez: je devrais mourir- mourir sans doute - dans la rue qui m'a vu, la première fois lâcher mes mains et pour la première fois : marcher ! De quelle peine vais-je encourir pour tant d'immobilité ?

**Recueil : comme j'aime ce mot si peu utilisé ? Trop simple peut-être ? appartenant trop à une autre temporalité ?


Que n'ais-je les mots de Pourrat pour parler de ces merveilles ,alors que je ne sais écrire que "ces trois lignes qui ne tiennent pas "…et, que je manque tant- au contraire Henri Pourrat chez qui c'était une éxigence- d'humilité devant "mon" sujet, me comportant souvent comme s'il était mien, et que je devrais le marquer de mon fer !












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